C’est quoi une association de culture au potager ?
Associer des cultures, c’est imbriquer et cultiver plusieurs plantes différentes au même endroit et en même temps. On peut distinguer deux grands types d’associations :
- Les associations allélopathiques : quand les plantes poussent, elles peuvent avoir une action positive ou négative sur leurs voisines. On peut donc profiter de ce phénomène pour améliorer nos récoltes.
- Les associations « dans le temps et dans l’espace » : toutes les plantes ne poussent pas à la même vitesse, et ne prennent pas la même place dans le sol ou au-dessus du sol. En choisissant bien, le jardinier ou maraîcher peut tirer parti de cette réalité.
Les associations de légumes que je pratique
Après avoir essayé les grands classiques décrits dans certains ouvrages comme « Le poireau préfère les fraises » ou « Les bonnes associations au potager », j’en suis arrivé à deux constats :
D’une part, les plantes censées s’entraider n’ont pas forcément les mêmes besoins (eaux, sol, soleil…). Ainsi, l’association « oignons-carottes », présentée comme un exemple de protection mutuelle — la carotte éloigne la mouche de l’oignon, et l’oignon éloigne la mouche de la carotte — met en œuvre deux plantes aux besoins en eau opposés. La carotte en veut beaucoup, mais l’oignon non seulement se contente de peu, mais peut pourrir sur pied s’il en a trop !
D’autre part, malgré de nombreux essais, je n’ai pas constaté de différences flagrantes quand j’associais et quand je n’associais pas. Ce qui ne veut pas dire que ça ne marche pas. J’ai reçu beaucoup de témoignages positifs sur ce genre d’associations.
Et c’est donc seulement quand j’ai renforcé ma volonté de densifier les cultures que j’ai commencé à imbriquer les cultures « dans l’espace et dans le temps ». Cette année-là, en divisant ma surface cultivée par 2, j’ai maintenu (et même augmenté un peu) ma production totale. J’ai, tout simplement, mieux utiliser l’espace, ce qui m’a permis de mieux « soigner » mon jardin (2 fois plus petit) et donc mes récoltes.
Je n’ai pas inventé toutes les associations que j’utilise. C’est à la fois des partages entre maraîchers et jardiniers, mais aussi des lectures (Eliot Coleman — The new Organic Grower,John Jeavons — How to grow more vegetables…, et Le manuel pratique de la culture maraîchère de Paris, écrit en 1845) qui m’ont permis de pratiquer aujourd’hui ces associations :
– Radis — carottes — haricots grimpants : si vos supports de cultures sont orientées Est-Ouest, profitez du microclimat ombragé provoqué par les haricots grimpants pour cultiver des radis et carottes au nord des haricots.
– Choux — Carottes : sur une planche de 80 cm de large, une rangée de choux au milieu, et 3 rangs de carottes de chaque côté. Les deux on besoin de beaucoup d’eau au début : les carottes pour germer, les choux pour bien pousser, mais aussi pour lutter contre les altises.
– Choux — laitues : au printemps et en été, après avoir planté des laitues tous les 30 cm, plantez un chou tous les 90 cm sur la ligne centrale. Les choux sont lents à prendre de la place, et les laitues rapides à être récoltées. Après la récolte des laitues, ajoutez un gros paillage pour le reste de la croissance des choux.
– Au pied des « grandes plantes » (tomates, poivrons ou aubergines), occupez l’espace avec des plus petites : laitues, betteraves, radis, carottes…
– Invitez les vivaces comme l’oignon ciboule Ishikura un peu partout au jardin. En le coupant au ras du sol plutôt que de l’arracher, il repoussera pendant des années, quelle que soit la culture suivante (et passera même à travers un épais paillage). Mais attention, même s’il est costaud, il ne résistera pas trop aux fraises du motoculteur…
Et enfin, ma préférée, que je pratique sous tunnel : l’association radis – carottes – tomates qui me permet de dépasser les 50 € de récolte par mètre carré cultivé.
Pour chacune de ces associations, je fais attention à ce qu’elles ne me compliquent pas (ou peu) la récolte.
Les grandes classiques des associations potagères
La Milpa, ou « les 3 sœurs » est pratiquée depuis très longtemps en Amérique Centrale, où le maïs est associé aux haricots grimpants et aux courges. Le maïs sert de tuteurs aux haricots. Les haricots (légumineuses) captent l’azote de l’air et le stockent dans des nodosités au niveau des racines. Les courges font couvre-sol et limitent ainsi la prolifération d’adventices. Et le couple haricots-maïs fait de l’ombre aux courges qui supportent mal le plein soleil en été. Bref, un parfait exemple d’association !
Basilic — Tomates : on voit souvent le basilic au pied de tomates. Et c’est vrai que ça se passe bien entre eux. Mais est-ce pour favoriser mutuellement ces plantes, ou bien parce qu’en cuisine elles s’assemblent plutôt bien et qu’on a simplement envie de les récolter en même temps ? À vous de vous faire votre idée sur la question 😉
Comment créer VOS associations de légumes ?
Tous ces exemples ne vous conviennent peut-être pas. Alors, pourquoi ne pas créer vos propres associations. Comment ? En tenant compte de pas mal de paramètres, et en faisant des essais.
Le paramètre principal est la taille de la plante, ou l’étage dans lequel elle se trouve. Un peu comme dans un mini jardin-forêt. Les radis sont à l’étage du bas, et les tomates occupent les étages supérieurs. Mais la vitesse de croissance est importante aussi : au pied des courgettes, il y a beaucoup de place lors de la plantation. Mais en quelques semaines, la courgette recouvre toutes les cultures qu’on aurait pu implanter autour d’elle.
Les essais restent importants, surtout pour apprendre d’éventuels effets indésirables de certains voisinages. Chez moi, les aubergines n’ont pas apprécié la roquette plantée à leurs pieds.
Les associations de cultures sont passionnantes, aussi bien en maraîchage qu’en grande culture ou au verger. Elles donnent lieu à de multiples essais un peu partout, alors n’hésitez pas à partager les vôtres — bonnes ou mauvaises — dans les commentaires tout en bas.
À bientôt,
Jérôme BOISNEAU / Permaraicher
Jérôme Boisneau
Paysan maraîcher en permaculture depuis 2009, Jérôme BOISNEAU a gardé de sa formation d’ingénieur l’esprit de recherche et d’expérimentations. Il a créé en 5 ans une microferme résiliente et économiquement viable, et partage tout ça à la fois sur son blog www.permaraicher.com et dans des vidéos, conférences ou formations.
Conseils de lecture pour aller plus loin…
Vous retrouverez ci-dessous plusieurs ouvrages intéressants sur les associations potagères dont ceux cités par Jérôme dans son article :
« Un jardin sain grâce aux cultures associées »
Légumes, herbes aromatiques et médicinales, fruits et fleurs
Pour ceux qui lisent l’anglais :
« How to grow more vegetables »
(and Fruits, Nuts, Berries, Grains, and Other Crops) Than You Ever Thought Possible on Less Land Than You Can Imagine
John Jeavons
256 pages, édité par Editions Teen Speed Press en 2017.
–
Prix : environ 20 €
–
Références complètes (éditeur, ISBN…), descriptions et avis des lecteurs sur :
Amazon
« The New Organic Grower »
A Master's Manual of Tools and Techniques for the Home and Market Gardener
Eliot Coleman
340 pages, édité par Editions Chelsea Green Publishing Co en 2017.
–
Prix : environ 18,20 €
–
Références complètes (éditeur, ISBN…), descriptions et avis des lecteurs sur :
Amazon
Associer vos légumes, oui, mais sur quel support de culture ?
Pour éviter les échecs et pertes d’énergie inutiles, il faut avoir des supports de culture réellement adaptés à vos besoins, vos objectifs et votre contexte propre. Alors, avant de vous lancer au potager, trouvez le support de culture qu’il vous faut en suivant notre formation en ligne « Choisissez votre support de culture idéal ». Pour en savoir plus, cliquez sur le bouton ci-dessous.
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Cela existe depuis de dénies voir les jardins des grandes demeures. On nomme également cela de la phytosociologie au jardin.
La permaculture, il n’y a que l’appellation qui a changé. Avant, on citait la culture dérobée, associative et en rotation
Merci pour les idées,
Tomates et choux de Bruxelles au centre, pour protéger les choux de la piéride, ça a bien marché.
Dans l’idée d’occuper le plus possible le terrain disponible j’ai expérimenté une association.
Elle à été inspirée par notre gout pour les pommes de terre nouvelles et de la mâche !
L’idée : Des pdt sous serre pour récolter dès mai/juin de bonne pomme de terre nouvelle tout en optimisant la surface sous serre.
On plante nos pommes de terre, une fois sortie on butte puis on sème la mâche en inter-rang.
Le tout se développe et la marche fini par être bien ombragée et pousse facilement.
Résultat : Presque 3 mois de récolte de mâche qui s’achève au moment ou celle des pdt commences.
Plutôt content. Pas d’effet négatifs visibles à ce jour.
Tenté sur une butte pdt / radis, pas convaincu, p-e trop d’ombre, des radis plus petit qu’ailleurs.
En extérieur actuellement pdt/petit pois ( pois repiqué une fois pdt sortie. Pas encore de conclusion, mais visuellement j’aime les fleur de pois au milieu de pdt ^^. A voir si la récolte pourra être « simultané ».
Fraisier / ail semble donner de bon résultat ( l’ail a grossi plus vite et les fraises semble moins touché par les fourmis) mais la différence d’emplacement ne permet pas de comparaison honnête.
J’ai toujours des salades au pieds des artichauts avec de bons résultats. J’ai l’impression qu’elle protègent les pieds d’artichauts de la noyade et des limaces ( je suis en Normandie ).
Pour ce qui est testé cette saison nous avons semé du haricot a rame au pieds des topinambours et repiqué basilic et basilic pourpre sous les tomates pour tenté de mesurer leur action contre maladie. ( Plants témoin issu de même lot de graine et placé dans des conditions similaire )
Lorsque l’on parle associations on oublie souvent les fleurs, j’ai souvent remarqué des légumes en meilleurs santé a proximité de mes capucines sans jamais comprendre pourquoi, mais depuis je met souvent des capucines le long des culture. En plus c’est beau, et sa se mange !
Pareil pour les arbres, n’hésitez pas à mettre des salade ou autre légumes feuilles sous les fruitier. Le feuillage permet de les protéger une fois les mois chaud arrivés.
impossible de avoir vos livres pas de distributeurs dans ma région mont laurier
Bonjour, je suis maraichère, je valide le basilic au pied des tomates, les pieds sont plus petits que s’ils étaient plante en ligne seul donc cela depend de vos besoins de récolte. J’ai testé les trois soeurs en semant en poquet 3 graines de maïs entre les courges puis le haricot grimpant en poquet au pied du maïs avec une semaine de décalage. Ce que j’ai observé: le haricot poussé plus vite que le maïs et manquait de tuteurs. Bien décaler de deux a trois semaines le semis de haricot par rapport au maïs. Autre point j’avais mis une ligne de goutte a gouttes ce qui n’a pas été suffisant car les haricots ont mal poussé. La prochaine fois je mettrais deux lignes de gouttes a gouttes de chaque côté des plants. Le gros avantage a été l’ombrage du maïs sur les courges en pleine période de canicule ( sud ouest). Par contre pour le nettoyage des planches à l’automne on se retrouve avec des cannes de maïs qui sont difficiles à détruire si l’on a pas de broyeurs. N’hésitez pas à faire partager vos expériences sur les trois soeur.
Bonjour tout le monde,
A propos de la milpa, je suis d’accord suis le décalage de croissance et du coup la non-synchronisation générale 🙂
Du coup l’an dernier j’ai semé les mais en pots (ce qui évite aussi de se les faire manger par les limaces quand ils germent) et je les mis en place avant le moment des semis de haricots et de la mise en place des courges. Comme ils (les maïs) étaient en avance, ça s’est bien passé pour que les haricots grimpent dessus.
Pour le reste, je mets de tout avec de tout et j’ai quasi laissé tomber les rotations car il me faudrait un logiciel pour refaire le plan de jardin, j’évite juste les suites de mêmes légumes (enfin j’essaie).
Je pense que ça dépend des années, s’il pleut où pas … étant aussi dans le sud-ouest, ça n’a pas l’air partir pour une année humide… hélas!
Bon courage à tous
Bonjour , j’ai fait des jolies buttes dans mon jardin bien paillées mais je galère avec les limaces bien trop gourmandes ….quelqu’un a des conseils sur ce point??
Les limaces préfèrent manger ce qui est fragilisé donc les résidus de la cuisine a mettre à coté des plantes les plus envahis ça apportera de l’azote et régalera les limaces qui ignorerons le reste (à tester)
Limaces ont besoin d’eau pour produire leur mucus et craignent la chaleur. Donc, n’arrosez pas le soir ! !
Elles préfèrent les crucifères. Donnez leur à manger de la moutarde ou des choux Daubenton . Vous diminuerez bcp leurs attaques. Plantez des plants déjà vigoureux. Elles préfèrent les feuilles tendres car langue râpeuse uniquement et pas de dents.
Je pratique la Milpa depuis au moins 5 ans. Trouver la bonne proportion de chaque plante est difficile.
Ça va plutôt bien pour le maïs et les courges, mais j’ai peu de haricots. Cette année, je teste une disposition nouvelle :
Des lignes de maïs espacées de 1,5m un maïs tous les 20 cm avec une courge tous les 1,5 m sur la même ligne
et deux ou trois lignes de haricots nains entre les lignes de maïs + courge.
Ce grand espacement du maïs se pratique dans la production du haricot tarbais et permet une plus faible
concurrence vis à vis de la lumière.
A suivre.
Je ne connais pas vos semences mais ils faut des Semences anciennes pas des hybrides ou autre truc (sans aucun nutriments) sortie de laboratoire.
Je croyais que la milpa c’était avec des haricots grimpants ? mince alors
Oui, normalement la Milpa c’est avec des haricots qui grimpent le long du maïs. Mais on peut toujours « adapter » à sa façon 😉
Jérôme BOISNEAU / Permaraicher
Merci pour votre travail pour nous aider à jardiner responsable
Salut Jérôme,
Jolies photos! J’en suis venu aux mêmes conclusions que toi, faire simple et pratique. Je fais quand même des rotations à cause des maladies et ravageurs qui pourraient s’installer.